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Babi dance hall
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Jah Cure - Interview

Jah Cure - Interview

Babidancehall : Ton album The Cure est sorti l’année dernière et a été nominé aux Grammy Awards. Avec le recul, que penses-tu de cet album ?
Jah Cure : C’est le meilleur album pour moi, en termes de scores. J’ai vendu plus de 20 000 exemplaires en cinq mois, je ne sais pas où en sont les ventes actuellement mais c’était déjà un très bon score. Le reggae ne se vend pas trop de nos jours, et encore moins pour les artistes jamaïcains. J’ai aussi été très bien classé dans le Billboard américain pendant un bon moment, je pense que j’ai été le numéro un des artistes jamaïcains l’année dernière. C’est dur pour le reggae de rester dans le Top 10 du Billboard aussi longtemps, cela a été un véritable honneur et je suis heureux de l’accueil reçu par l’album. On aurait pu en tirer plus, mais on est quand même satisfaits et reconnaissants.

Sur cet album, même si d’autres influences se font ressentir, on sent vraiment que tu t’es davantage remis au reggae et à la musique consciente.
Merci de le remarquer. Et je le ferai encore. Je ne sais pas quelle direction aura mon prochain album, mais je ferai sûrement quelque chose pour le public roots à travers le monde, avec d’autres sons plus nuancés pour que ça plaise à tout le monde. C’est la loi du marché de nos jours…

Le titre Life We Live est rapidement devenu un big tune, un hymne auquel beaucoup peuvent s’identifier.
Merci. Cette chanson m’a été inspirée par les hauts et les bas quotidiens que j’ai pu avoir, et c’est vrai que tout le monde peut s’y retrouver parce que tout le monde le vit. Mais tu sais, je suis un peu surpris que cette chanson n’ait pas eu encore plus de succès, parce que ce type de son était attendu. On dit souvent que Jah Cure fait trop de chansons d’amour et qu’il faudrait plus de reggae conscient, et c’est un des sons les plus conscients du moment. Life We Live a quand même eu un bel écho, mais pas autant que des sons comme Call On Me ou Unconditional Love. Après c'est vrai qu'il faut laisser le truc grossir, c'est lent. Pour ces titres, il m'avait fallu cinq ou six ans pour atteindre les 15 millions de vues sur Youtube car je n'achète pas de vues, ni de fans ni de mentions "j'aime". Je laisse les choses se faire naturellement afin de voir ma base de fans et ma valeur. J'aime voir mon travail grandir.

Tu es souvent en France ces dernières années, avec quasiment une tournée par an voire plus...
J’aime la France, c’est selon moi un des plus gros marchés pour le reggae en Europe. Mes concerts sont toujours complets à Paris, je passe toujours de bons moments en France et j’apprécie l’amour que les Français ont pour le reggae.

Jah Cure - Interview

Que peut-on attendre d'un concert de Jah Cure ?
De la joie et de la bonne humeur ! On vient pour s'amuser et on rentre à la maison en se disant : "Ouais, j'ai kiffé le concert de Jah Cure !".

A tes débuts, Beres Hammond a été ton mentor. Qu'as-tu appris de lui ?
Que chanter pour les femmes est la chose la plus importante au monde. Honnêtement, si les femmes n'aiment pas ta musique, ce n'est pas amusant. Si tu donnes un concert et qu'il n'y a pas de filles en train de crier pour toi, juste des gars avec des voix graves, ce n'est pas amusant. Les femmes rendent le showbizness important, excitant. Je laisse mes petits frères chanter du roots conscient. Je le fais aussi, mais ça me touche moins, désolé mais je dois être honnête avec les fans ainsi qu'avec moi-même. 95% de mes fans sont des femmes et je dois leur donner ce qu'elles veulent. Donc je fais simplement ce que Beres Hammond m'a dit de faire, et je suis les traces laissées par Gregory Isaacs etDennis Brown ...

Un mot sur ces légendes ?
Gregory Isaacs est un des plus grands de tous les temps avec plein de hits.Dennis Brown a été surnommé le Prince du Reggae mais il aurait pu tout aussi bien en être le roi. Personne ne devrait pouvoir prendre une couronne et la garder après sa mort, mais il y a eu beaucoup de manipulations dans ce business, notamment par Chris Blackwell, qui ont fait de Bob Marley un nom intouchable, mais ce n'est pas le meilleur, ça ne peut pas l'être : il y a eu tellement d'excellents artistes, même avant lui ! Il y a beaucoup d'icônes qui ont manqué de reconnaissance. Je le respecte et l'aime au plus haut point, mais je le répète : il est l'un des meilleurs, pas le meilleur.

Bob Marley était d'ailleurs un grand fan de Dennis Brown...
Tout à fait. Dennis Brown est celui qui a le plus de hits dans l'Histoire du reggae. Et il a chanté certaines des meilleures chansons d'amour aussi. Certains chantent la révolution mais sont des lâches, ils devraient plutôt chanter des chansons d'amour et inspirer les gens dans ce sens-là. Cet état d'esprit rebelle ne nous aide pas forcément. Le temps des Black Panthers, de Marcus Garvey, de Leonard Howell est révolu et on ne peut pas le retrouver. Il faut avancer, s'adapter à notre temps et s'accomplir nous-mêmes, pas dans l'ombre de quelqu'un.

Jah Cure - Interview

Et comment vois-tu l'évolution de l'industrie musicale ?
Il y a du bon et du mauvais. La musique ne se vend plus, mais il y a les réseaux sociaux qui sont très puissants. Ils contribuent énormément à la promotion et permettent aux artistes de s'émanciper. Les artistes ont beaucoup plus de fans que les maisons de disques. Qui suit une maison de disque sur les réseaux sociaux (rires) ? C'est vraiment un outil important qui permet aux artistes de se positionner facilement sur le marché et de communiquer efficacement.

On t'a vu aussi sur la croisière de Damian Marley, et tu y participeras pour la troisième fois consécutive en novembre prochain !
Oui, j'y suis à chaque fois. Les gens veulent me voir. Sur Internet, le public peut dire quels artistes ils veulent voir et je suis toujours cité. Merci aux fans !

Quels sont tes projets futurs ?
Je finis cette tournée et je retourne en studio pour finir mon nouvel album. Celui-là sera encore nominé aux Grammy... et gagnera ! Les Marley, je vous aime, mais le prochain Grammy n'est pas pour vous (rires). On réfléchit au premier single qui devra sortir, ça doit être un hit ! Et on va s'occuper de la promotion. Surveillez ça !